Caudecoste est un village bastide de 1127 habitants situé à 15km d’Agen sur un promontoire, à 2km au sud de la Garonne en allant vers Toulouse.
Son histoire est ancienne. Outre des objets du néolithique, à quelques centaines de mètres du village se trouve un site répertorié de l’âge du bronze. Les premiers habitants, dès -1200, étaient des Ligures.
Ils ont laissé une vénération pour la fontaine de Saint-Jean, aux vertus curatives, mais ils furent chassés vers -500 par les Ibères qui s’installent chez nous.
Vers -330, les Celtes ou Gaulois venus du nord se mélangent aux populations. Nous
appartenons alors à la tribu des Nitiobriges dont le roi régnait depuis l’oppidum de l’Ermitage à Agen. Ils adoraient le dieu Maglomaton (au dessous de Taranis).
A partir de la défaite de Vercingétorix en -52, notre région est soumise à la domination romaine.
On a mis à jour dans la plaine à Berty et Trébuchet, des vestiges de fours de potiers et des céramiques gallo-romaines qui attestent de la présence de "villas" ou grandes fermes gallo-romaines. Pendant 400 ans, nous aurons la "pax romana" troublée en 275 par le passage des Alamans.
De 400 à 1000, les invasions se succèdent : Vandales, Wisigoths, Francs, en 720 les arabes dévastent Agen et les alentours, en 830, ce sont les Vikings qui ravagent tout. Une invasion que l’on peut considérer avec plus de bienveillance est celle des Vascons en 600, ils sont chassés d’Espagne par les Wisigoths et s’installent entre les Pyrénées et la Garonne pour donner naissance à la Vasconia notre future Gascogne.
Un ancien document d’archive signale la présence d’un village sur le site actuel dès l’an 900 et nous appartenons alors au vicomté de Bruilhois. Plus tard, en 1049, Caudecoste qui appartient à l’église Saint-Martin de Layrac passe sous la dépendance de l’abbaye de Cluny. Le Prieur de Layrac est seigneur du lieu. En 1096, le pape Urbain II allant de Layrac à Toulouse, passe à Caudecoste sur la voie romaine côté sud du village.
Le village devient bastide en 1270 avec une Charte des Communes accordée par le Seigneur Prieur Clunisien. Elle est dirigée par le Bayle représentant du seigneur et 4 Consuls élus tous les ans, mais ils ne porteront le "chaperon" rouge et noir qu’à partir de 1503. Pour résister aux invasions et aux bandes de pillards la bastide se fortifie avec des murailles entourées de douves, deux tours sud et nord avec pont levis. En 1348 la peste va ravager la région .
Le calme est précaire, l’année 1585 est tragique car les murailles sont en mauvais état et le village est envahi par une bande de soldats qui pillent et brûlent les maisons pendant trois jours. Les consuls versent une rançon de cent écus pour les faire partir.
L’évènement le plus tragique de notre histoire arrive lors de l’hiver 1651-1652. Caudecoste, qui est restée fidèle au jeune roi Louis XIV, est assiégé par le prince de Conti un des chefs de la Fronde. le village résiste un mois, mais face à 5000 hommes, 3 canons et des cavaliers, il devra se rendre. Un traité de reddition est signé entre Conti et les Consuls mais le prince ne le respecte pas et ravage la bastide. L’église a été bombardée pendant le siège, beaucoup de maisons sont incendiées et les habitants qui protestent sont massacrés. Les cloches disparaissent ainsi que toute la nourriture. Les archives et les meubles de la maison des consuls sont brûlés. Fin 1652, sur les 1000 habitants du temps du siège, il ne reste que 200 survivants. Conti sur son lit de mort en 1664, exprimera des regrets. Caudecoste recevra une cloche, un calice en vermeil (classé monument historique) des vases précieux et de l’argent.
Le XVIIIème siècle est un siècle de calamités, de froid, de misère et d’inondations catastrophiques.
Le 14 juillet 1791, on fait la fête mais elle dégénère car des excités avinés vont démanteler une grand partie des murailles et de ce fait les maisons qui y étaient adossées. Les Consuls sont impuissants. C’est la fin des remparts dont il reste encore quelques éléments. Les temps révolutionnaires sont agités et seul le coup d’état de Bonaparte ramène la sécurité et l’apaisement.
Le développement de l’économie va donner un nouvel élan à la commune. En 1876, on construit une école neuve de style Jules Ferry. En 1894, avec l’abbé Carpuat, l’église est reconstruite , beaucoup plus grande et de style Gothique flamboyant avec de remarquables vitraux offerts par des habitants aisés. Enfin, en 1895, une nouvelle mairie est inaugurée.
L’agriculture se développe mais elle est en butte à diverses maladies et parasites. La variété de vache « Blonde d’Aquitaine » est née à Caudecoste.
Les pruneaux sont apparus au XVIIème et la tomate en 1900 mais la mécanisation entraîne petit à petit un exode rural.
La grande guerre va emporter 23 jeunes caudecostois. En juin 1940, la division « SS Das Reich » encercle le village qui subira la perte de deux hommes pendus et deux fusillés. Un autre décédera dans la Somme. Puis la guerre d’ Algérie emportera 1 caudecostois. La commune honore la mémoire de Denise Baratz reconnue par l’état d’Israël comme « Juste parmi les nations ».
C’est en 1968 que débute le rugby. La bastide est dynamique, attractive avec ses artisans, ses commerces, ses nombreuses manifestations, ses 21 associations et ses clubs sportifs.
Elle protège son histoire et ses monuments et a reçu le Prix Départemental des « Rubans du Patrimoine ».
Ci-dessous un diaporama de vieilles photos du village. Cliquez sur l'image :
Histoire de la création des Bastides
Ce mouvement d’urbanisme s’est produit durant une brève période de calme (150 ans) au XIIIème et XIVème siècle, entre la guerre des albigeois et la guerre de cent ans.
Au début du Moyen Age, une bastide était une construction en bois provisoire pour renforcer le point faible d’une enceinte. A partir de 1220, la "bastide" devient "un village neuf" ou encore un "centre de peuplement"
Elles évoluent en villes neuves fortifiées :
– des "sauvetés" créées par le clergé et les abbayes (Sauveterre la L...)
– des "castelnaux" créés par la noblesse aux abords des châteaux forts (Castelnaud sur...)
D’abord édifiées par les rois de France, elles furent ensuite érigées par les souverains d’Angleterre, puis ce furent les seigneurs avec l’accord des autorités religieuses.
CAUDECOSTE est la seule bastide fondée par un ordre religieux (Cluny).
Environ 200 bastides virent le jour en Aquitaine entre 1250 et 1357. C’est en Lot-et-Garonne que l’on trouve le plus grand nombre, environ 50 surtout royales.
Modalité de création
Le processus était précis et débutait après le choix du site et l’acquisition des terrains :
– d’abord annoncer la création de la bastide pour y attirer le plus grand nombre d’habitants,
– sur le lieu, on plante un pal (pieu pointu) appelé "fixatio pali". Il portait les armoiries du roi ou celles du seigneur,
– ensuite se déroulait la "préconisation" ou proclamation des avantages. Une charte, précédemment établie, s’adressait à tous. Les crieurs publics parcouraient la campagne pour informer de l’événement et signaler les franchises qui seront accordées aux futurs habitants.
Le tracé
Des "arpentins" traçaient le contour de la bastide sous les yeux des officiers royaux. Des bornes étaient posées pour délimiter l’enceinte et des palissades en bois étaient souvent mises en place sur des remblais.
Des lots à bâtir étaient alors attribués par des "lotisséeurs" (géomètres actuels). Chaque lot est rectangulaire, le plus souvent de 8m x 24m. Le plan est régulier, avec des rues à angle droit, mais ce n’est pas la loi générale.
Les habitants sont généralement obligés de construire dans l’année et les maisons, séparées de 30 à 40 cm, ne comportent qu’un seul étage.
On a une place carrée, la plupart du temps, avec des dimensions de 34 à 48 m, il y a un puits public, une fontaine et une halle avec tout autour des galeries abritées appelés "couverts" ou "ambans" ou "cornières" actuellement.
La muraille sera l’élément le plus important avec fossé, tours et chemin de ronde. Les dépenses restent bien souvent à la charge de la population et les délais de construction furent souvent longs. Exemple : Beaumont de Lomagne, fondée comme Caudecoste vers 1272, ne fût entièrement clôturée qu’en 1320.
Une population de 1 000 à 2 000 habitants dénotait une grande vitalité pour une bastide, à l’époque Agen en comptait 5 000.
Les Jurats et les Consuls représentaient les gens auprès du seigneur et des représentants du roi, le Bayle ou Prévôt représentait l’autorité royale ou comtale.
Dabos Roland. sources : Histoire des bastides d’Aquitaine et autres....
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